Une vocation révisionniste
Extrait d’un courriel que vient de m’adresser un universitaire, professeur de droit :
[…] Moi, ce qui m’a le plus frappé, c’est de constater que les révisionnistes n’avaient jamais de haine et toujours le souci de l’exactitude historique… Ils ne sont pas non plus « racistes » ou « antisémites ». Ils ont une vision élevée de l’histoire humaine et posent les questions les plus pertinentes et aussi les plus embarrassantes. Souvent, et vous rirez sans doute de cette comparaison un peu saugrenue, ils me font penser aux chrétiens des catacombes à cause de leur recherche désintéressée de la vérité…
Bien à vous. NN
Ma réponse
Votre comparaison ? L’athée que je suis en rit si peu qu’au contraire, à mon avis, elle peut se justifier. Dans leur ensemble, les révisionnistes – c’est un fait – peinent à sortir de leurs catacombes et, pour nombre d’entre eux, sacrifient leur existence à une recherche ingrate, obstinée et désintéressée de l’exactitude historique. Leur vocation ne s’explique pas, elle se constate.
Venons-en, un instant, à trois étapes de mon lointain passé : à Angoulême en octobre 1939 (j’ai 10 ans), à Marseille en juin 1942 (j’ai 13 ans) et à Paris le 8 mai 1945 (j’ai 16 ans).
1) En octobre 1939, à Angoulême, au Collège Saint-Paul, un prêtre nous l’affirme dans son prêche, nous n’avons nulle raison de nous inquiéter : « Nous gagnerons cette guerre car … Dieu est avec nous ! » ; du haut de mes dix ans, je pense alors : « Savoir si, de l’autre côté du Rhin, leurs prêtres ne leur tiennent pas le même discours ». Aujourd’hui, en mars 2017, à 88 ans, je crois voir là le signe précurseur d’un relativisme de bon aloi.
2) En juin 1942, à Marseille, au Collège de Provence, tenu par des Jésuites, je grave au couteau sur l’abattant de mon pupitre noir « MORT À LAVAL ». Sur les origines et les suites de cet épisode, reportez-vous au petit livre de François Brigneau, Mais qui est donc le professeur Faurisson ?* Aujourd’hui, songeant aux circonstances atroces de l’exécution de Pierre Laval, le 15 octobre 1945, je demande qu’on me pardonne ces trois mots.
3) Un moment, si vous permettez, avant d’en venir brièvement au troisième et dernier épisode. Je suppose que notre père (français et, comme il aimait à le dire, « catholique romain ») et notre mère (écossaise et presbytérienne avant de se convertir au catholicisme) souhaitaient voir chacun de leurs quatre garçons se conduire dans la vie en gentleman et chacune de leurs trois filles se comporter en lady. Il va de soi que l’attente de nos parents était quelquefois déçue mais, parfois aussi, elle pouvait être satisfaite. Pour ma part, j’ai l’impression que, le matin du 8 mai 1945, à l’âge de seize ans, j’ai eu un réflexe de gentleman, un réflexe immédiatement suivi d’une réflexion qui m’a plus tard conduit à ce qu’on appelle le révisionnisme historique dont, en fin de compte, j’ai fait la véritable vocation de mon existence. Nous vivions à Paris, tout contre la Chapelle des Carmes, non loin de l’église Saint-Sulpice, du Jardin du Luxembourg et du Collège Stanislas, où allaient les quatre garçons tandis que les trois filles, après avoir fréquenté le « Collège Notre-Dame des Champs », avaient été inscrites à « Notre-Dame de Sion ». De cette famille de sept enfants j’étais l’aîné.
Ce matin du 8 mai 1945 j’ai tout à coup entendu les cloches ou les sirènes (ou les deux ensemble ?) qui saluaient notre victoire. La suite est à lire, là encore, dans l’ouvrage susmentionné de F. Brigneau. Vous y verrez dans quelle exacte circonstance, le « jour de la victoire », il m’est soudain venu une pensée émue et bouleversante pour le vaincu qui gisait à terre, le corps ensanglanté. J’ai alors, en quelque sorte, décidé de lui tendre la main, de l’aider à se relever, de lui parler comme à un frère humain accablé par le sort. Et c’est à cet instant que j’ai commencé à me dire qu’il me fallait revoir pour quelle raison au juste, pendant toutes ces années de guerre et de boucherie, j’avais bien pu prendre le parti des Alliés (y compris la Russie de Joseph Staline) contre l’Allemagne d’Adolf Hitler, et cela dès le 3 septembre 1939, quand Anglais et Français avaient décidé d’entrer en guerre contre le IIIe Reich et s’étaient ensuite fort bien accommodés d’une alliance économique et militaire avec l’Union soviétique. Je voudrais bien qu’on m’explique comment on peut, aujourd’hui, faire grief à certains Français d’avoir choisi Adolf contre Joseph quand on a soi-même opté pour Joseph contre Adolf. Quand, en janvier 1945, les Allemands ont dû évacuer Auschwitz et ont laissé le choix aux juifs comme aux autres détenus de partir avec eux ou de rester sur place, Élie Wiesel et son père, après mûre réflexion, ont choisi de partir avec leurs « exterminateurs » allemands plutôt que d’accueillir leurs « libérateurs » soviétiques. Ils n’ont pas été les seuls juifs à faire ce choix (Élie Wiesel est mort, article du 3 juillet 2016).
En conclusion, je crois que ma vocation de révisionniste ne doit strictement rien à la haine de qui que ce soit. Il me semble que cette vocation est née du réflexe et de la réflexion d’un être humain normalement constitué et normalement élevé. Enfin, vous l’aurez noté, en la circonstance les juifs n’ont pas joué le moindre rôle. Ce n’est que plus tard qu’ils apparaîtront dans ma vie et dans le champ de mes recherches historiques. Mais, c’est le cas de le dire, ceci est une autre histoire. L’écrirai-je un jour, cette « autre histoire » ? À mon âge, je doute de pouvoir en trouver le temps. En attendant, à ceux qui me jugent sévèrement et se répandent en de noirs propos sur le fait que seuls au fond m’inspireraient « la Haine » et « l’Antisémitisme », je demanderais d’où leur vient pareille certitude. Ont-ils trouvé de solides preuves de tant de noirceurs ? Si tel est le cas, pourquoi n’exhibent-ils pas ces preuves ? Ou bien dois-je comprendre que, s’ils s’abstiennent de prouver, c’est que, dotés du pouvoir divin de sonder les cœurs et les reins, ils lisent dans mes pensées ou mes arrière-pensées, et cela au point d’y découvrir, par miracle, précisément ce qu’ils savaient d’instinct qu’ils y découvriraient ?
Je les invite à plus de modestie, à plus de prudence, à plus de simple humanité.
20 mars 2017
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* Disponible auprès des Éditions Akribeia