Le 29 décembre 1978 à Paris aura été, pour reprendre une expression bien connue de Stendhal, un coup de pistolet dans un concert. À la page 8 du journal Le Monde paraissait
« Le problème des chambres à gaz » ou « La rumeur d’Auschwitz »
La nette brièveté du texte paru en droit de réponse marquait la maturation de la réflexion historique qui était celle, à le penser en grec ancien, d’un physicien qui faisait parler la nature et non d’un rhéteur, au sens ordinaire de celui qui persuade sans toujours démontrer, suggère et non pas découvre.
Ce qui apparut comme une originalité savante de la personne déjà connue de Robert Faurisson, il y a 40 ans jour pour jour dans les colonnes du Monde, à une époque où l’aristocratie de la liberté de parole subsistait encore, se heurta à un frémissement de la raison d’État chez les historiens en chaire, alors encore sous la surveillance, jusqu’en Sorbonne, du marxisme. Ces derniers ne pouvaient y réagir, le février suivant dans le même journal, que par une espèce de sophisme, proscrivant la recherche au nom du résultat admis, confondant l’opinion et la critique ou jugement constant de ses fondements, en signant un texte qui se terminait comme suit :
Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu’il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz (« La politique hitlérienne d’extermination : une déclaration d’historiens », Le Monde, 21 février 1979, p. 23).
La « réponse » décrétant qu’il ne fallait pas poser la question ni même se poser la question, c’est-à-dire ne point et d’aucune façon interroger un processus dont l’idée était popularisée par de puissants moyens télévisuels (1978 était, rappelons-le, l’année de la consécration médiatique de « l’Holocauste » par la diffusion mondiale du télé-feuilleton de ce nom), fit rire les uns et traduisit l’intimidation générale de tous. A Paris on retournait au procès de Socrate entrepris par les démocrates d’Athènes ! Faurisson, comme sa génération formée aux études classiques, n’en fut pas surpris.
Malheureusement cette réaction indigne de clercs devint par la suite la position très officielle de ceux qui gouvernent et éduquent les Français, et le reste encore aujourd’hui.
Un résumé de l’éclatement, il y a déjà quatre décennies, de « l’affaire Faurisson », avec les références utiles, se trouve dans le présent blog à la date du 20 août 2012 :
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29 décembre 2018